Marie Drucker, nièce de l’indémodable Michel Drucker, fut une grande journaliste à la télévision française. Elle est aujourd’hui passée à une autre vocation : les films documentaires. Elle nous donne avec Nos coeurs déracinés son premier livre.
. Les premières pages sont vouées à une méditation sur l’identité juive, et la propre judéité de l’auteure. Comme une obsession. Emmanuel Lévinas avait une théorie là-dessus. C’est quand l’identité n’est pas très assurée qu’elle pose le plus de questions. Mais ce questionnement prouve qu’on y tient quand même, à cette identité, et de toutes ses forces. S’agissant de sa propre identité juive, Marie Drucker est doublement ashkénaze, d’un côté une famille polonaise, de l’autre originaire de la Bucovine (comme le grand Aharon Appelfeld).

La religion a été perdue en route, et les langues, et les territoires. Et le total qu’on appelle la yiddishkeit. Comment tout cela, en tout cas ce qu’il en reste, nous est transmis ? se demande Marie. Inconsciemment, “par capillarité”. Elle retrace ici, méticuleusement, l’histoire mouvementée et parfois tragique de sa famille. On retiendra notamment sa compréhension de l’identité ashkénaze : « Etre ashkénaze, écrit-elle, c’est se sentir toujours au bord. »