Nathalie Rheims, Au long des jours

Henri Raczymow
Je lis, tu lis, ils écrivent par Henri Raczymow : Nathalie Rheims, Au long des jours, éditions Léo Scheer, 172 p.
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Il est écrit « roman » sur la couverture, mais n’en croyez rien : ce n’est pas un roman. C’est une histoire vécue, et restituée avec sincérité, avec simplicité, selon les méandres du souvenir. J’aime les récits de Nathalie Rheims. Ils sont écrits avec grâce, jusque dans leur impudeur. Elle avait raconté naguère la liaison amoureuse qu’elle connut à quatorze ans sans, des années plus tard, comme elle le dit, “se présenter en victime”. Elle raconte ici “la suite de sa vie la plus intime”. Nathalie a alors dix-huit ans, est élève d’un prestigieux conservatoire de théâtre. Elle a renoncé au lycée qui ne l’a jamais intéressée. Et aux valeurs trop convenues du milieu de sa famille archi bourgeoise. Outre le théâtre, elle nourrit une passion non moins totale pour la chanson française, de Trenet à Brassens. Et puis, sans prévenir, IL est apparu un jour dans sa loge, amené par une copine. Il a cinquante-cinq ans ; ça tombe bien : les garçons de son âge l’ennuient à mourir. Elle est aussitôt sous le charme. Amoureuse, voilà : « le cœur prêt à se décrocher, tant il battait fort ». Elle va l’écouter dans un cabaret chanter son grand succès « comme un p’tit coquelicot », et la voici aux anges. Il est marié, il aime les femmes. Cette relation qui s’esquisse ne va-t-elle pas la faire souffrir ? Elle est prête à tout. Il lui raconte tout, dès cette première nuit. Sa mère internée psychiatrique. Son père d’origine kabyle, militant communiste. Son amitié, dès l’enfance, avec Prévert et tout le groupe d’Octobre constitué d’artistes en devenir, et Jean-Louis Barrault et Robert Desnos. Sa rencontre, la décennie suivante, non moins décisive, avec Sartre et Simone de Beauvoir qui vont l’inciter à écrire et le feront publier chez Gallimard. Ce poète, ce chanteur était modeste, obsédé par la mort, et d’un charme fou. De ce charme il transparait quelque chose dans ce beau récit d’amour où l’homme aimé n’est jamais nommé. On l’aura reconnu je pense.

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