“Nos princes charmants”, Corinne Hoex

Henri Raczymow
Je lis, tu lis, ils écrivent par Henri Raczymow : Corinne Hoex, Nos princes charmants, Les Impressions Nouvelles, 128 p.
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Corinne Hoex est membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Elle nous donne ici quinze micro-récits qui se passent au mois de juillet et illustrent tous le même thème : la vengeance d’une femme à l’égard d’hommes exécrables, goujats de première catégorie. Dans ces fictions les personnages sont récurrents et ils comportent tous divers traits en commun, dont, bizarrement, des mouches (peut-être des figures d’Erinyes redoutées des anciens Grecs, qui déploient indéfiniment leur vindicte sur les pauvres humains). Ces Erinyes, on le sait, sont des Bienveillantes qui ne sont pas bienveillantes pour un sou. De même que dans le titre de l’autrice, nos “princes” ne sont “charmants” que par une antiphrase pleine d’ironie. La cible de Corinne Hoex, parfaite rhétoricienne, ce sont donc les hommes. Enfin : des hommes. Machos combien vulgaires, m’as-tu-vu, séducteurs de pacotille, maris fatigués, ainsi que quelques pervers. Elle a dû en rencontrer, Corinne, de ces hommes. Elle a dû en pâtir. Elle a bien raison de se venger aujourd’hui, par ce beau livre, qui va en retour leur faire grand mal. Ce n’est que justice. Elle vous les occit avec grâce et légèreté, délicat sadisme, toujours avec sensualité, malin plaisir qu’elle sait, son talent aidant, nous faire partager. De l’art du tir à l’arc zen, qui ne rate jamais sa cible. Un régal des sens, un délicieux petit plat qui se mange froid. Voici les femmes vengées de compagnons qui, plutôt que de s’occuper d’elles, préfèrent bêtement regarder sur l’écran les étapes du Tour de France en buvant force bières (belges). On en connait tous, de ces phallocrates finalement encombrants et inutiles. Corinne Hoex a bien raison d’en débarrasser les femmes, forcément plus raffinées, plus désirantes, musiciennes et littéraires plutôt que grossièrement éprises de chasse ou de cyclisme. Manifeste féministe, Nos princes charmants ? Le mot est lâché. Pour ma part, je ne crierais pas au scandale. D’autant que dans un ultime aveu à l’œuvre dans l’ultime récit, nous apprenons que Françoise aimait les roses à la folie, « ainsi qu’en vérité elle adorait les hommes ».

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