Pour tous, il reste l’homme qui a permis à Israël d’acquérir la bombe, en construisant le réacteur nucléaire de Dimona grâce à l’appui français, et celui qui a signé les Accords d’Oslo avec les Palestiniens en 2013. Or les deux événements étaient liés selon lui. « Dimona a ouvert la voie à Oslo », aimait-il à répéter : « Une nation en attaque une autre pour deux raisons : son désir de la détruire et sa capacité de le faire. Parce que nous ne pouvions pas modifier le désir (des ennemis d’Israël), nous devions les convaincre qu’ils ne pourraient pas le faire. Ainsi, Dimona a coupé l’herbe sous le pied à ceux qui pensaient qu’ils pourraient détruire Israël. »
Cependant, avant de pouvoir se présenter en « M. Sécurité » comme architecte de la dissuasion nucléaire israélienne, Shimon Peres a d’abord dû être le très patient et très persévérant acteur d’un rapprochement militaire avec la France auquel peu de responsables israéliens – et pas même Ben Gourion – ne croyaient, quand ils ne cherchaient pas tout bonnement comme Golda Meir à le torpiller. Il a ensuite été l’un des acteurs de la « collusion de Sèvres », une réunion secrète durant laquelle les Français se sont engagés à soutenir Israël dans une guerre menée conjointement avec la Grande-Bretagne contre l’Egypte de Nasser, mais à la condition que les Israéliens lancent l’opération qui servirait de « prétexte » à l’opération alliée. Dans le même temps, la France acceptait de fournir le réacteur nucléaire de Dimona, dont on peut se demander s’il était ou non la condition à la participation israélienne dans la guerre de Suez.
C’était il y a tout juste 60 ans, en 1956. Shimon Peres écrivait alors l’une des plus glorieuses pages de l’Histoire d’Israël. Et aussi l’une des plus secrètes. Des archives diplomatiques et militaires mises au jour, en Israël comme en France, permettent de retracer sa longue marche vers l’alliance militaire avec la France et l’acquisition de la bombe.
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