C’est une ode à la cuisine ashkénaze. Un chant d’amour pour le gefilte fish bien sûr (à ne pas confondre avec le gehakte fish, boulettes de poissons, généralement à base de carpe et de colin). Mais aussi pour le shmalts herring, le gehakte leyber, le klops (pain ou boulettes de viande), les latkès (sucrés ou salés), les kreplekh (raviolis) et pour finir le leyker au miel et l’inévitable keys kikhn. Ode énamourée donc, mais non sans lucidité. Qu’on en juge : « Si la cuisine ashkénaze était une personne, ce serait un genre de quidam pas coiffé, les habits froissés, que vous auriez surpris au saut du lit, des traces d’oreillers sur la figure et qui, pour couronner le tout, vous accueillerait en tirant une tête de douze pieds ». Un peu sévère, non ? Mais plutôt juste.
D’ailleurs la cuisine ashkénaze, il n’y a que les Ashkénazes qui l’apprécient, la goûtent, la commentent, la comparent. Même les Séfarades, pourtant peu suspects d’antisémitisme, crachent un peu dans la soupe (le bouillon knaydlekh je veux dire) et grimacent devant le pied de veau en gelée, agrémenté ou non de raifort à la betterave.Sinon, chaque phrase de ce livre vous fera remonter aux papilles d’ancestrales saveurs gustatives. Ce livre est un cadeau mémoriel. Autant de souvenirs de famille. Autant de madeleines qui nous rappellent la Varsovie que nous n’avons pas connue et dont rien ne subsiste. C’est tout ce qu’il nous reste aujourd’hui puisqu’à Paris, il n’y a plus un seul restaurant yiddish.
Je viens de le recevoir !