27/09/2024
Regards n°1069

Israël veut interdire le commerce de la Fourrure

Comme un vieux serpent de mer, l’interdiction du commerce de la fourrure en Israël est de retour, au niveau gouvernemental et à la Knesset. Début octobre, la ministre de l’Environnement, Gila Gamliel, a en effet annoncé un amendement de la loi sur la protection de la faune. But de la manœuvre : limiter à des cas exceptionnels la délivrance des autorisations d’importation et d’exportation de fourrure d’animaux sauvages, qui relève du directeur de l’Autorité israélienne des parcs et de la nature.

Sur le papier, la mesure ferait d’Israël le premier pays au monde à interdire le commerce de fourrure. « Il n’est ni nécessaire ni moralement justifié d’utiliser la fourrure dans l’industrie de la mode. Cette pratique entraîne le massacre de millions d’animaux dans le monde, impliquant des souffrances et une cruauté indescriptible », a déclaré la ministre Likoud, dont l’initiative est soutenue par la députée de la formation centriste Bleu-blanc, Miki Haimovich, qui dirige le comité des affaires environnementales de la Knesset.

La décision de limiter la délivrance de permis a été saluée par le groupe de défense des animaux PETA, qui a félicité Israël « pour avoir reconnu que le commerce de manteaux, de pompons et autres articles de mode frivoles fabriqués à partir de fourrure d’animaux sauvages est contraire aux valeurs de tout citoyen décent ». De son côté, le mouvement israélien de défense des animaux Animals Now a rappelé que, selon un sondage, 86 % des Israéliens étaient d’accord pour dire qu’il était inacceptable de recourir à des cages, à la torture et à des méthodes brutales afin de tuer des renards, des visons, des chiens et des chats pour « des articles de mode extravagants et inutiles ». L’initiative gouvernementale sauverait « d’innombrables animaux ». Environ cent millions d’animaux sont élevés et tués chaque année dans des exploitations intensives de fourrure pour approvisionner l’industrie de la mode, selon Humane Society, tandis que des millions d’autres dans la nature sont piégés et tués pour leur fourrure, principalement aux Etats-Unis, au Canada et en Russie.

Dérogation pour les shtreimels

Seul bémol, et il est de taille, la nouvelle règlementation israélienne prévoit des dérogations. Le directeur de l’Autorité israélienne des parcs et de la nature pourrait continuer à délivrer des permis si les peaux devaient être utilisées pour « la religion, la tradition religieuse, la recherche scientifique, l’éducation ou l’enseignement ». Autrement dit, les approvisionnements en queues de zibelines ou de renards, nécessaires à la fabrication des shtreimels, ces chapeaux traditionnels de fourrure portés par les ultra-orthodoxes les samedis et jours de fêtes, ne seraient pas interdits pour autant. De quoi réduire considérablement la portée de l’initiative de la ministre de l’Environnement, sans doute soucieuse de ne pas se mettre à dos le monde haredi (ultra-orthodoxe). Car dans un pays aux températures estivales près de six mois de l’année, les adeptes du shtreimel, des couvre-chefs pouvant coûter jusqu’à 5.000 dollars, sont de facto les principaux consommateurs de fourrure en Israël.

Reste à savoir si au sein de ce public, les mentalités sont susceptibles d’évoluer. Il y a quelques années, le Museum of the Seam de Jérusalem (situé à l’intersection des quartiers juifs et arabes de la ville) est parvenu à organiser un débat réunissant des représentants de la communauté ultra-orthodoxe et des activistes laïques de la cause animale. A cette occasion, le rabbin hassidique Shmuel Pappenheim a été le premier chef religieux à déclarer que la communauté haredi devait uniquement avoir recours aux « shtreimels » en fourrure synthétique, et renoncer aux couvre-chefs fabriqués à partir de queues de renards. Pour le rabbin Shmuel Pappenheim, il ne s’agit pas seulement de répondre à une logique économique, liée au prix trois fois moins élevé du shtreimel synthétique, mais de respecter un impératif religieux et moral : « Le shtreimel en fourrure naturelle transgresse la loi juive qui interdit de causer des souffrances inutiles aux animaux », a-t-il fait valoir. « Nous devons faire en sorte que les gens soient gênés de porter autre chose qu’un shtreimel synthétique ». Une prise de position courageuse qui gagnerait à être connue pour ouvrir la porte à de véritables avancées.

Écrit par : Nathalie Hamou

Esc pour fermer

_Visuel ARTICLE REGARDS 2025-2026 (2)
Commander Nessi'a
A travers “Nessi’a”, Mireille Dahan nous fait voyager dans les histoires fondatrices de nos traditions en réinterprétant les textes bibliques.(...)
04/12/2025
Vie Juive
Collecte de dons 2025
Collecte de dons 2025
Grâce à votre soutien, nous continuons à célébrer la vie, à transmettre le plaisir, la pensée et la force du(...)
03/12/2025
Vie Juive
Visu Site Une (72)
Atelier Tenou’a à Beth Hillel
Une saison, quatre rendez-vous Tenou’a, quatre moments d’étude pour penser ensemble les grands textes de la tradition juive dans un
03/12/2025
Non classé
Jean Zay utick
Jean Zay, l’Homme complet
Avec "Jean Zay, l’Homme complet", Xavier Béja relate dans un seul en scène poignant la vie et l’œuvre de Jean(...)
03/12/2025
Véronique Lemberg
Culture, Mémoire
1121 Carnet de cuisine illu
Croustillant et divin, le schnitz-el
Carnet de cuisine
03/12/2025
Michèle Baczynsky
Vie Juive
85
Simone Veil et ses sœurs
"Les Sœurs Jacob" (Éditions Les Arènes) est un roman graphique polyphonique. Il ravive les voix de Simone, Denise et Milou(...)
02/12/2025
Tamara Weinstock
Mémoire, Culture