Question actuelle s’il en est, la relation judéo-musulmane demeure inséparable aujourd’hui d’enjeux géopolitique dont elle est souvent, à ses dépens, l’objet symbolique en terme d’image.
Sortir des stéréotypes et des essentialisations de quelque nature qu’elles soient, tel est l’enjeu d’un dialogue noué patiemment par des hommes et des femmes depuis plusieurs années maintenant, à l’écart le plus souvent des projecteurs médiatiques tant cet échange mené pas à pas va à l’encontre du « sensationnel », éphémère par définition, et dont est si friande notre société du spectacle.
L’Histoire tout d’abord. Elle commence dans l’Arabie du 7e siècle. Natif de la Mecque, Mahomet côtoie les tribus juives au sein de sa ville natale. Il en subit l’influence religieuse. C’est plus tard, à Médine, que les relations s’enveniment. Les Juifs sont soient massacrés soit expulsés de la péninsule arabique. Ce conflit originel n’aura pour autant pas de portée majeure dans la vie des Juifs en terre d’Islam. Si celle-ci réduit les Juifs au rang de mineurs, les persécute à certaines époques, les pogroms tels qu’ils se pratiquent dans la chrétienté y sont, hormis le règne sanglant des Almohades, nettement plus rares.
En l’espace d’un siècle pourtant, tout change, qu’il s’agisse des relations judéo-chrétiennes ou judéo-musulmanes. 1965 : Concile de Vatican II. Une ère nouvelle s’ouvre au sein des relations entre Juifs et chrétiens. Au même moment, en guerre avec l’Etat d’Israël nouvellement créé, le monde arabo-musulman reprend massivement à son compte les pires clichés antijuifs dont l’Occident est en train de se défaire.
Une histoire qui recommence ? De plus en plus nombreux sont les Juifs à le penser réduisant leur horizon politique aux notions, souvent mal comprises par ailleurs, de dhimmitude et d’Eurabia. Essentialisation du fait musulman : tel est l’écueil intellectuel dans lequel verse un nombre croissant de Juifs européens en proie à une vague de violence judéophobe sans précédent depuis 1945.
A contre-courant pourtant, certains tentent de bâtir le dialogue judéo-musulman. Vœu pieux et bons sentiments répondront les « esprits supérieurs ».
Ce n’est pourtant qu’à l’aune du travail accompli des années durant, que nous avons essayé de mettre en lumière, de manière aussi synthétique que possible à travers cette étude, qu’un espoir est possible.