Je lis, tu lis, ils écrivent… Jacki est sage, Jacques Sojcher, Éditions Les Impressions Nouvelles 146 p.

Henri Raczymow
Partagez cette publication >

Entrant dans le vieil âge, le philosophie Jacques Sojcher, Juif athée né en 1939, fait un retour sur son père, Aron, mort sans sépulture à Auschwitz. « J’aurais voulu un père sans étoile jaune, sans kippa. Un vrai Belge, résistant, disparu héroïquement… » Il était né en 1906, en Slovaquie. Il était fourreur. Jacques, Jacki, Yankele attendit, caché avec sa mère, le retour d’Aron. Sa mère chantait : « J’attendrai / Le jour et la nuit / J’attendrai toujours / Ton retour… » Ce sera sans retour. Bien que né en Belgique, le petit Jacki n’est pas Belge. Il est apatride. À seize ans, un juge l’exhorte à se montrer « digne de l’honneur que vous fait la Belgique ». Des détails parfois scabreux parsèment ce récit de vie. C’est que l’auteur est à l’âge où l’on peut tout dire. Les inhibitions tombent. La honte n’est plus de mise. On peut parler de sa prostate, de son sexe et de sa taille.

 

 On peut énumérer ses conquêtes, ses obsessions sexuelles, son désir qui n’a de cesse. Le sexe, nous confie-t-il, est « le baromètre de ma vie ». Le petit Jacki devenu grand a l’air plutôt content de lui. Quoique petit et précocement chauve, il est boute-en-train, amuseur, séducteur. « Un petit Casanova », dit-il de lui. Prétention ? Chacun en jugera. Ce professeur émérite de philosophie à l’ULB aura, chemin faisant, écrit de nombreux livres. Mais il concède n’être qu’une « petite gloire locale ». Nous en connaissons d’autres dans ce cas, tout aussi méritants. Au total, l’autoportrait d’un intellectuel, d’un Juif, d’un Belge un rien narcissique mais sans complaisance excessive.

A lire également

Je lis, tu lis, ils écrivent… Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie, Elise Goldberg
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Découvrez des articles similaires

Le Dibbouk. Fantôme du monde disparu

Dans une foisonnante exposition mêlant théâtre, cinéma, musique, littérature, et culture populaire, le Musée d’art et d’histoire du judaïsme de Paris (MAHJ) explore la thématique du Dibbouk, ce mauvais esprit ou cette âme errante qui prend possession d’un vivant, selon une croyance qui s’est développée en Europe orientale à partir du XVIIIe siècle.

Lire la suite »