Je lis, tu lis, ils écrivent… L’arrestation, Dan Franck, Éditions Grasset, 295 p.

Henri Raczymow
Je lis, tu lis, ils écrivent… Par Henri Raczymow
Partagez cette publication >

L’écrivain Dan Franck, Juif et de gauche comme il se définit, revient sur une séquence de sa vie qui l’aura durablement marqué. Le 20 mars 1984, des flics en civil viennent l’arrêter à son domicile parisien, fouillent le studio où il vit, la voiture qu’il conduit, inspectent ses machines à écrire, ramassent ses agendas et ses carnets, et le conduisent menottés au 36, quai des Orfèvres pour un interrogatoire exhaustif. Que faisait-il tel jour ? Avec qui avait-il rendez-vous ? Qui est machin ? Etc. Nous voilà dans un polar de série noire (Dan Franck en a l’écriture sèche, précise, sans trémolos). Mais rien ici n’est inventé. Fatalement, les questions se resserrent. On en arrive aux faits. L’écrivain a côtoyé l’avocat de la Fraction armée rouge allemande, Klaus Croissant, et surtout des membres d’Action directe, groupuscule terroriste de l’ultragauche du début des années 1980. Dan Franck n’est mêlé en rien aux actions meurtrières des uns et des autres. Simplement, loin d’être vraiment innocent, il les a aidés, les a hébergés. On épluche son passé vaguement gauchiste, fidèle à la figure de Pierre Goldman assassiné par des nervis de l’extrême droite. Pas de fumée sans feu : notre écrivain, que ses camarades clandestins appellent le Scribe, est en effet lié à des activistes d’une certaine unité Marcel Rayman d’Action directe. Ils partagent toute une mythologie révolutionnaire, depuis la Commune de Paris, la guerre d’Espagne et la Résistance, en particulier celle des FTP-MOI. 

Attentats, braquages, assassinats ciblés, les enquêteurs enquêtent, et l’étau peu à peu se referme. Une dénonciation anonyme… Le voici interné à la prison de la Santé, où il reçoit des courriers de Rika Zaraï, dont Dan Franck rédige les best-sellers sur tout ce qu’il faut savoir sur le bien-être. Et de faire le retour sur son passé, commun à une génération qui a traversé Mai 68 à Paris, sur les généreuses années soixante-huitardes, si exaltées, et dont certains membres se sont égarés en chemin jusqu’à devenir des délinquants, et parfois de purs criminels.

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Découvrez des articles similaires

Fanny and Alexander, du cinéma à l’opéra

En cette fin d’année, le Théâtre royal de La Monnaie, propose en création mondiale Fanny and Alexander. Grâce au travail du compositeur suédois Mikael Karlsson et du librettiste américain Royce Vavrek, le chef d’œuvre cinématographique d’Ingmar Bergman entre à l’opéra par la grande porte.

Lire la suite »