Il y a des dates qui, par leur brutalité, fissurent le fil déjà tendu de notre histoire. Le 7 octobre 2023 reste une déchirure dans la chair d’Israël et dans la conscience juive tout entière. Ce massacre a réveillé les fantômes des persécutions que nous pensions reléguées au passé. En un jour, les images d’horreur ont ravivé la mémoire d’un peuple que la haine poursuit de siècle en siècle.
Alors que des otages sont toujours détenus à Gaza et que la guerre n’est toujours pas finie, nous nous trouvons dans un déchirement permanent. Notre attachement à Israël est intact. C’est le pays où vit une part de notre âme, le refuge de notre peuple qui n’en avait plus aucun. Mais nous ne pouvons accepter la façon dont son gouvernement mène depuis des mois cette guerre devenue criminelle, sans horizon politique ni vision morale. La sécurité d’Israël ne peut pas se construire sur les ruines de la bande de Gaza ni sur la négation de la vie d’autrui. Cette guerre doit cesser. Nous espérons donc que le plan Trump et la perspective d’une prochaine libération des derniers otages encore détenus par le Hamas puissent enfin mettre fin à cette tragédie.
Pendant que nous exprimons ce déchirement, nous sentons monter en nous la peur d’un monde où être juif et solidaire d’Israël devient une faute. En Europe, nous avons vu s’élever des vagues d’antisémitisme d’une ampleur et d’une intensité qui glaceraient le sang du plus optimiste des humanistes. Nous subissons des comportements hostiles, des discours de haine, des agressions verbales et physiques… Face à la multiplication des incidents antisémites, nous nous sentons souvent vulnérables, incompris et seuls. Tout cela pèse sur notre quotidien et sur notre volonté d’envisager sereinement notre avenir et celui de nous enfants en Europe.
Sur la scène internationale, nous observons aussi avec douleur la réprobation d’Israël. La critique légitime du gouvernement israélien s’est transformée en un rejet global d’Israël, voire des Juifs eux-mêmes. Pour certains, de plus en plus nombreux, cet Etat est même considéré comme une entité illégitime vouée à disparaître. Nous ne pouvons nous y résoudre. Nier Israël, c’est nier l’histoire d’un peuple qui a voulu transformer sa survie en projet de liberté.
Deux ans après le 7-Octobre, nous pensons surtout aux otages encore détenus à Gaza, à leurs familles brisées dans une attente insupportable. Tant qu’ils ne seront pas rentrés, nul en Israël ni dans la diaspora ne pourra éprouver la tranquillité.
Le 7-Octobre nous a rappelé ce que nous risquons de perdre. Il doit aussi nous rappeler ce que nous devons protéger : notre dignité, notre humanité et le rêve d’une paix réelle, si lointaine et pourtant indispensable.







