Assassinat d’Ytzhak Rabin, 25 ans déjà: l’espoir assassine

Nicolas Zomersztajn
Comme chaque année depuis son assassinat le 4 novembre 1995, nous honorons la mémoire d’Yitzhak Rabin. Vingt-cinq ans ont passé et il nous est toujours impossible d’oublier cette tragédie.
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En assassinant Yitzhak Rabin suite à une campagne de haine où tous les coups étaient permis, et surtout les plus bas (Rabin en uniforme SS, Rabin en vampire coiffé d’un keffieh, Rabin se lavant les mains du sang versé par Yasser Arafat, etc.), Yigal Amir a visé juste. Il a éliminé le principal atout de la gauche israélienne pour mener le processus de paix. Grâce à son passé glorieux et sa personnalité terre-à-terre, Yitzhak Rabin a gardé la confiance des Israéliens en dépit des attentats terroristes. Comme l’histoire l’a montré, ses successeurs et ses héritiers politiques ne sont jamais parvenus à capitaliser sur son assassinat pour consolider le processus de paix. « Depuis cet événement, Israël n’a pas connu un seul bon jour », a fait remarquer Ephraïm Sneh, ministre de la Santé du gouvernement Rabin. « L’assassinat a décapité l’Etat et la gauche israélienne ».

Tout a changé et surtout, l’espoir a disparu. Certains l’ont peut-être oublié mais les Accords d’Oslo ont suscité une vague inédite d’espoir et d’enthousiasme en Israël et en diaspora. Au CCLJ, nous ne faisions pas que rêver. Avec nos amis israéliens du camp de la paix, nous envisagions les différents aspects de cet avenir de paix, de tranquillité et de normalité pour Israël. Cet enthousiasme nous a aussi amenés à nous interroger sur notre propre avenir dans une perspective où le conflit israélo-palestinien et Israël n’occuperaient plus une place aussi centrale dans nos combats. Il était temps de réfléchir davantage sur notre judéité et notre propre destin : qu’est-ce qu’être juif, comment être juif, et pourquoi rester juif ? En laçant ce chantier sur l’identité juive, nous n’avons pas sollicité que le point de vue de Juifs laïques. Des personnalités religieuses de premier plan comme les rabbins René-Samuel Sirat, Josy Eisenberg, Marc-Alain Ouaknine et même Adin Steinsaltz ont participé à nos débats très riches.

Malheureusement, avec la deuxième Intifada et son lot d’attentats meurtriers, le conflit s’est rappelé à notre bon souvenir. Mais cette fois, les communautés juives d’Europe ont durement ressenti les secousses sismiques du conflit israélo-palestinien. Trop souvent, sous prétexte de soutien à la cause palestinienne, certains n’ont pas hésité à donner libre cours à de véritables discours antisémites. Cette libération de la parole antisémite a même conduit les plus enragés à passer à l’acte en s’en prenant physiquement aux Juifs. Cette vague antisémite inédite depuis 1945 a été tellement virulente qu’elle a contraint les Juifs d’Europe à s’interroger à plusieurs reprises sur leur avenir dans leurs pays respectifs.

Depuis lors, la lutte contre l’antisémitisme et la délégitimation d’Israël nous occupe beaucoup. Toutefois, cela ne nous a jamais empêché de soutenir activement les initiatives israéliennes, et même israélo-palestiniennes, s’efforçant de régler le conflit. Ils ont été nombreux à se succéder à la tribune du CCLJ dans l’auditorium de l’espace que nous avons nommé Yitzhak Rabin lors de son inauguration en 1996. Si nous avons choisi de lier notre centre communautaire à la mémoire de cet homme, c’est parce qu’il incarne mieux que quiconque le combat pour qu’Israël vive en paix. Mais à y réfléchir, Yitzhak Rabin incarne aussi quelque chose de plus profond pour les Juifs du monde entier : le rêve humaniste, universaliste et éthique des Prophètes bibliques et des Pères fondateurs du sionisme. Ce rêve, il a réussi l’exprimer et à lui donner du sens.

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