Escapade impressionniste en Flandre française

Le 15 avril 1874, à Paris, s’ouvre la première exposition impressionniste. Paris 1874 : inventer l’impressionnisme, au musée d’Orsay, célèbre cet événement, que commémore aussi Peindre la nature au musée des Beaux-Arts de Tourcoing.

Présent aux huit expositions impressionnistes, de 1874 à 1886, à l’écoute des jeunes artistes (Seurat, Gauguin, Van Gogh et Cézanne), Camille Pissarro (1830-1903) est « le père de l’impressionnisme ». Né à Saint-Thomas, descendant de Marranes portugais, il émigre à Paris (en 1855) pour y devenir artiste. Il séjourne à Pontoise, puis à Louveciennes, peignant en plein air, sensible à l’infinie diversité de couleurs et d’atmosphères des paysages proches de Paris qu’il traduit sur la toile. Il exprime à travers son art des idées libertaires, peignant notamment les travaux des femmes. Les Prussiens dévastent son atelier lorsqu’il s’exile à Londres durant la guerre de 1870. La famille Pissarro déménage alors à Pontoise, puis s’établit à Éragny-sur-Epte (1884). À partir de 1896, Pissarro réalise des séries de paysages urbains, à Rouen et Paris, puis Le Havre et Dieppe.

À La Piscine de Roubaix, l’exposition Les enfants impressionnistes du musée d’Orsay réunit, entre autres, la Petite Danseuse de quatorze ans, sculpture de Degas, et la Bergère de Pissarro, toile léguée au Louvre en 1911 par Isaac de Camondo. Issu d’une famille séfarade installée à Venise, puis à Constantinople, Isaac de Camondo s’établit à Paris en 1869. Il y développe les affaires de la banque Camondo, dirige plusieurs sociétés internationales et joue de premier plan comme collectionneur de l’impressionnisme. Le musée d’Orsay conserve sa collection de tableaux, dont La Seine à Vétheuil, effet de soleil après la pluie (1879) de Claude Monet, montré en ce moment au Palais des Beaux-Arts de Lille dans Monet à Vétheuil : Les saisons d’une vie, évocation des séjours du peintre dans ce village des bords de Seine. Église de Vétheuil (1879) provient de la collection Max et Rosy Kaganovitch, conservée au musée d’Orsay. Né en Lituanie, Max Kaganovitch (1891-1978) lance à Paris une galerie d’art impressionniste et fauviste. Déchu de sa nationalité française par Vichy, il fuit en Suisse avec sa famille et revient à Paris en 1945. Les remarquables collections permanentes du Palais des Beaux-Arts de Lille nous plongent dans l’histoire de l’art flamand et le département des plans-reliefs expose une série de grandes maquettes au 1/600e de villes fortifiées réalisées au XVIIIe siècle, dont sept villes belges (Namur, Charleroi, Tournai, etc.), reliques des guerres de l’Ancien Régime dans cette région de frontières.