Pourquoi se lancer dans cette aventure de la présidence du CCOJB ?
YVES OSCHINSKY Tout d’abord, il convient de préciser que j’ai été approché par certains membres du CCOJB pour que je présente ma candidature. A partir de ce moment-là, j’ai réfléchi longuement et je me suis penché sur cette institution, ses statuts, ses objectifs et ses actions. J’ai très vite compris qu’ils correspondent en tout point à ce que j’aspire et que j’accomplissais déjà individuellement tant en ce qui concerne la lutte contre l’antisémitisme, la transmission de la mémoire que le soutien à l’existence d’Israël. J’ai donc décidé de présenter ma candidature et de relever le défi.
Que répondez-vous à ceux qui vous font remarquer que vous n’avez pas d’expérience préalable au sein du CCOJB ou d’une organisation juive ?
Y.O. Jusqu’à présent, j’ai toujours œuvré à titre individuel en faveur de la communauté juive ou d’Israël. Je l’ai fait comme avocat, comme Président de la Conférence du jeune barreau ou comme bâtonnier du barreau de Bruxelles. Ainsi, j’ai notamment œuvré pour un jumelage entre le barreau de Bruxelles et celui d’Israël. J’ai invité l’ambassadeur Avi Primor à exposer au barreau la situation en Israël et ses enjeux. J’ai également porté une plainte au nom des victimes du terrorisme palestinien sur la base de la compétence universelle de la Belgique contre les dirigeants palestiniens. J’ai donc acquis une expérience qui me permet de relever le défi de la présidence du CCOJB. Et à travers les fonctions que j’ai exercées au barreau de Bruxelles, j’ai appris à nouer des contacts et tisser des liens avec le monde politique, les médias, la justice et l’administration. Toute cette expérience me semble utile pour défendre les intérêts de la communauté juive. Quant à ma position d’outsider des institutions juives, je pense que cela me confère une équidistance, un regard ouvert et aussi une bienveillance pour bien fédérer les organisations présentes au CCOJB.
Vous n’êtes pas le premier avocat à présider le CCOJB. Cette profession confère-elle des qualités particulières pour présider cette institution juive représentative ? Avocat ?
Y.O. Mon prédécesseur, Yohan Benizri, est aussi avocat et je voudrais souligner qu’il a assumé remarquablement la présidence du CCOJB. Je m’efforcerai d’agir dans sa continuité tout en apportant ma touche personnelle. Il est vrai qu’on retrouve beaucoup d’avocats dans les institutions juives représentatives. Ce n’est pas un hasard car un avocat est un homme ou une femme de combat. C’est indissociable de son métier. Mais l’avocat est aussi très transversal dans ses activités : il connait la loi et les institutions, il sait comment s’indigner et n’ignore pas qu’il doit privilégier le dialogue et recourir à la voie médiatique et politique avant de se lancer dans une procédure judiciaire qui est souvent synonyme d’échec.
Quelles sont vos priorités à la tête du CCOJB ?
Y.O. Au-delà des objectifs fixés par les statuts du CCOJB, je souhaite prioritairement fédérer la communauté juive. En interne, cela signifie fédérer toutes les organisations membres du CCOJB en leur faisant prendre conscience de l’utilité de notre institution. Il m’appartient également de mener avec ces organisations un dialogue pour bien cerner leurs attentes et leurs besoins. Cela me permettra de mieux affirmer l’unité du CCOJB et de renforcer les liens qui les unissent entre elles. Cette unité permettra à ces organisations d’œuvrer plus efficacement pour la communauté juive. Il convient également de fédérer à l’extérieur, notamment et surtout en coordonnant notre action avec celle du Forum der Joodse Organisaties et avec le Consistoire central israélite de Belgique. J’ai déjà eu l’occasion de rencontrer la présidente du Forum et le président du Consistoire et j’ai pu agréablement constater qu’ils partagent cette volonté de mener des actions communes tout en respectant l’indépendance et les spécificités de chacun. Nous sommes une petite communauté, elle doit donc être unie. Les relations entre nos différentes institutions représentatives doivent donc être bonnes et amicales pour que nous puissions aussi mener ensemble des combats communs. Je pense que nous devons aussi fédérer au-delà des frontières belges en nouant de bonnes relations avec d’autres institutions représentatives européennes. J’ai déjà eu l’occasion d’entrer en contact avec le président du CRIF qui partage également cette volonté d’agir ensemble au niveau européen. Enfin, toujours dans ce souci de rassemblement, j’aimerais impliquer davantage les Juifs dans l’action des organisations juives et du CCOJB.
Comment concevez-vous l’action du CCOJB vers le monde extérieur ?
Y.O. Si on souhaite que le monde environnant ne nous soit pas hostile, il faut toujours privilégier le dialogue. Ce n’est pas en choisissant d’emblée la confrontation que nous réussirons. La colère et l’indignation doivent évidemment s’exprimer mais à travers le dialogue. Comme j’ai une expérience du monde associatif, je sais à quel point il est important de créer des passerelles avec lui. Je suis convaincu que sur de nombreuses questions, le monde associatif est notre allié. Nous pouvons aussi être son allié.
Un paysage communautaire qui s’assèche
Depuis sa création en 1969, le CCOJB réaffirme les missions qu’il s’est fixé : lutter contre l’antisémitisme, préserver et transmettre la mémoire de la Shoah et exprimer la solidarité de la communauté juive envers Israël. Toutefois, en plus de cinquante ans, bien des choses ont changé dans le paysage communautaire : l’antisémitisme a connu une résurgence depuis le début des années 2000, les survivants d’Auschwitz-Birkenau ont disparu et même si Israël a effectivement consolidé son existence, sa légitimité est sérieusement remise en cause au sein de la société belge.
Tout cela n’est pas un scoop pour les Juifs de Belgique. Le plus préoccupant est ailleurs. Lorsque le CCOJB est créé fin des années 1960, il se développe sur un terreau fertile : une vie juive riche de ses nombreuses organisations et féconde d’activités très variées. Le tout porté par un nombre impressionnant de militants bénévoles. La communauté juive inscrit alors son action dans la perspective de reconstruction qui a suivi la Shoah. C’est pourquoi elle se projette alors dans l’avenir avec confiance et optimisme. Avec l’essoufflement du militantisme, les nombreux départs de jeunes vers l’étranger et la disparition de certaines institutions et organisations juives de premier plan (L’Athénée Maïmonide, le Cercle Ben Gourion, la Fédération sioniste, etc.), cet état d’esprit s’est peu à peu estompé et le paysage communautaire s’est asséché. Il s’agit donc d’une problématique que la nouvelle équipe de dirigeants du CCOJB devra intégrer dans son action.
Y a-t-il une question qui vous préoccupe plus que d’autres ?
Y.O. La sécurité des Juifs. Ne nous voilons pas la face, il y a des Juifs qui quittent la Belgique. Lorsqu’ils s’installent en Israël par idéal, c’est un choix que j’applaudis. Lorsqu’ils le font par dépit ou par peur, je le déplore car c’est un constat d’échec. C’est pourquoi nous devons tout faire pour que la population juive se sente bien en Belgique. Cela passe entre autres par la mise en place d’une politique qui garantisse bien la sécurité des Juifs. C’est un point crucial. Les pouvoirs publics doivent donc s’investir davantage dans ce dossier. Par exemple, il est anormal que les parents d’élèves d’écoles juives doivent supporter eux-mêmes les frais de sécurité de leurs enfants. Il ne faut pas être juriste pour savoir que c’est une prérogative de l’Etat de garantir la sécurité de ses citoyens. Je n’ignore pas que nous avons besoin des outils spécifiques de la sécurité communautaire mais cela ne signifie pas pour autant que l’Etat se repose sur ses lauriers et décline tout engagement. Si la communauté juive se substitue à l’Etat pour assurer sa sécurité, il me semble logique que l’Etat y contribue financièrement. C’est le message que je compte porter.
Votre tâche s’accomplit en équipe avec un comité directeur ? Vous êtes-vous déjà mis en ordre de marche ?
Y.O. Nous avons effectivement élu le comité directeur du CCOJB. Il s’inscrit dans la continuité tout en intégrant des nouveaux membres ayant déjà une solide expérience communautaire au sein d’organisations juives. Dans un souci d’ouverture sur le monde extérieur, nous avons manifesté notre solidarité envers les femmes iraniennes. C’est une question de dignité des femmes mais aussi de défense de la démocratie et de l’Etat de droit. En ce qui concerne le monde juif, nous avons déjà envisagé l’organisation d’un événement majeur qui doit se tenir en 2023 : les 75 ans d’Israël. Cet événement doit être un moment de joie, d’unité et de rayonnement de la communauté juive. J’espère que nous pourrons faire en sorte que l’enthousiasme de la communauté juive soit aussi positivement reçu dans la Cité. C’est un gros chantier qui doit mobiliser toutes les ressources de la communauté juive. Pour ce qui concerne les projets moins réjouissants, nous nous préparons à prévenir les dérapages que nous pouvons craindre du carnaval d’Alost.
Bravo, Mazaltov et merci Maître Oschinsky.
Vous avez accepté une lourde et difficile responsabilité. Je vous souhaite de réussir pleinement. La communauté juive a besoin d’un CCOJB fort et efficace.
Je félicite l’ancien président pour son action et le nouveau pour ses projets.
Il faut effectivement éviter la confrontation et prôner le dialogue. Cependant, il faut aussi privilégier la prévention à la guérison et éviter :le dialogue de sourds.
Si on veut réellement lutter contre l’antisémitisme dont le double standard à l’encontre d’Israël, pratiqué par la plupart des médias et politiciens, il faudra trouver le moyen de sanctionner pénalement ce que je qualifie d’appel à la haine, masqué sous la forme d’analyse géopolitique objective .Ce genre de Carnaval défilant malheureusement 365 jours par an.
Honorable Président,
J’ose espérer que dans vos projets figure aussi la possibilité pour les juifs lambdas de devenir membre à part du CCOJB s’ils ne s’identifient dans aucune des instututions faisant partie du CCOJB. Ils ne sont pas pour autant des juifs de seconde zone.
Pour moi, il n’y a pas de Juifs de seconde zone mais je ne tiens pas compte des critères du droit hébraïque qui considère comme Juif tout qui est né de mère juive même s’il est antisémite. De plus, je ne considère pas comme Juif celui qui est antisémite. Il est temps que le rabbinat orthodoxe fasse preuve d’imagination de manière à considérer comme Juifs ceux qui se considèrent comme tels, ont des attaches familiales avec le judaïsme et sont solidaires avec Israël et ne plus considérer comme Juifs , ceux qui nés de mère juive , s’allient aux ennemis d’Israël et font preuve d’antisémitisme. Il est temps que ces rabbins fassent preuve d’imagination , comme Yehuda Hanassi qui ,contrairement à la Halaha, a mis, vu les circonstances de l’époque, la Thorah orale par écrit à savoir la Michna du Talmud.
Merci pour votre réponse qui me touche . En effet, en ce qui me concerne, je ne suis pas née de parents juifs mais depuis toujours je me sens juive de coeur et je défends tous les juifs ainsi que l’état d’Israël. Je fais tout ce qui est possible pour éclairer les gens -mal informés par les médias belges- de la réalité de la situation actuelle. Je suis avec toute la communauté juive face au massacre terrible perpétré par le Hamas et je la soutiens pour la libération de tous les otages au plus vite.
“Avec l’essoufflement du militantisme, les nombreux départs de jeunes vers l’étranger et la disparition de certaines institutions et organisations juives de premier plan (L’Athénée Maïmonide, le Cercle Ben Gourion, la Fédération sioniste, etc.), cet état d’esprit s’est peu à peu estompé et le paysage communautaire s’est asséché”
Monsieur Ochinsky,
Pour votre parfaite information et afin de vous éviter de reproduire des erreurs à l’avenir, sachez que la Fédération Sioniste de Belgique est plus vivante que jamais et que ses administrateurs sont toujours aussi actifs au sein de notre communauté pour défendre partout où il le faut l’état d’Israël. Ils représentent aussi l’institution et la communauté juive de Belgique au Congrès sioniste de Jérusalem
Quant au Cercle Ben Gourion il existe toujours à Ixelles sous le nom de Mercaz.
Ce post non pas pour polémiquer mais rétablir la vérité.
Bonne chance dans votre nouveau mandat. Vous en aurez besoin tant la tâche est ardue mais exhaltante.
Robert
Non Monsieur la Fédération Sioniste n’existe plus depuis 2011. Cela a commencé avec la disparition de l’excellent Fax de Jérusalem créé par le président Spiegl dans les années 90 que ses successeurs ont abandonné petit à petit.
Je confirme avec regret que la Fédération sioniste n’existe plus. Preuve en est que ce n’est pas elle qui a organisé le rassemblement de soutien à Israël hier devant l’ambassade et qu’elle ne s’est pas non plus manifesté suite au propos scandaleux de la présidente de la chambre ce matin sur les ondes de la gauchiste rtbf.
De, tout temps jusqu’à sa disparition il y a quelques années cette institution défendait Israël laissant cette noble tâche à d’autres moins représentatif pour ce faire.
Isaac Wolf
Heureusement qu’existe un véritable Dieu vivant en la personne de l’ancien président de la fédération sioniste Monsieur Simon Bretholz. Je suis sur facebook les actions inlassables qui sont les siennes en faveur des soldats israéliens. Le fait qu’il existe est une bénédiction pour nous tous. Que Dieu lui accorde une longue vie tant sa bonté est infinie. Je souhaite que chaque rabbin en Belgique fasse une prière pour ce mench qui est un exemple pour nous tous. Je souhaite que l’Etat d’Israël l’honore à sa juste valeur.
Carine
Comme vous aviez raison Madame Carine
Monsieur Bretholz est un saint homme courageux qui a été placé des drapeaux israéliens sur la façade de l’ambassade d’Iran à Bruxelles.
Ce n’est ni le CCOJB ni le Consistoire qui auraient imaginé initié une telle action.
Que ce saint homme nous revienne au plus vite diriger la communauté qui a besoin d’un véritable leader.
Ce post, lu avec retard, montre qu’il y a des dingues mâles et femelles même parmi nous.