Que la droite dure soit « annex-sioniste » l’est tout autant. Qu’il existe désormais au sein d’Israël des mouvements et partis racistes ne fait pas plus de doute. C’est tout à la fois terriblement triste et effrayant. Comment imaginez une Paix des Braves, hors la création d’un Etat palestinien ?
Tout aussi évident est le caractère criminel du Hamas. Et pourtant, c’est bien ce mouvement totalitaire (il exécute les homosexuels, enferme les femmes, bâillonne toute opposition, détourne les matériaux de construction pour ses besoins militaires) qui se trouve une fois encore au summum de l’adoration ! Comment ne pas donner raison au caricaturiste Xavier Gorce qui, dans Le Point, prête à l’un de ses pingouins une phrase qui résume la passion propalestinienne : « Le gros avantage des Palestiniens par rapport aux Rohyngyas ou aux Ouighours, c’est qu’ils permettent de donner libre cours à mon antisémitisme ».
On ne peut, en effet, que s’interroger sur la disposition de mes concitoyens à dépeindre Israël comme un Etat colonialiste, génocidaire et bien sûr tueur d’enfants. Et à considérer Gaza comme l’équivalent contemporain du ghetto de Varsovie. Vraiment ? Laissons parler les faits.
Erigé au centre de la capitale polonaise, le Ghetto concentra près de 440.000 Juifs (40 % de la population varsovienne) dans 2,4 % de sa superficie totale, soit dans 73 de ses 1.800 rues. Dans cette enceinte, dépourvue du moindre espace vert, d’une superficie d’environ 300 hectares (près du double de Saint-Josse), on compta à partir de 1941 près de 146.000 habitants au km2 contre 14.000 pour le reste de Varsovie. A titre de comparaison, la superficie de la Bande de Gaza est de 365 km2 pour deux millions d’habitants, soit 5.749 hab. au km2 ; la densité de Gaza city étant, quant à elle, de 13.000 hab. au km2. Si le sort des Gazaouis est loin, très loin d’être enviable, il ne s’apparente en rien à celui des Juifs du ghetto où la promiscuité fut tout simplement ahurissante, de l’ordre de 7 personnes par pièce d’habitation. Faudra-t-il encore rappeler que le ghetto était sous contrôle nazi permanent et que les Juifs étaient quasiment dépourvus d’armes et ce, y compris au moment de la révolte. Début 1942, le ghetto enregistra une naissance pour 45 décès. C’est que la ration quotidienne, fixée par les nazis pour les Juifs, était de 184 calories, soit 15 % du minimum vital. Plus de 80 % de la nourriture consommée dans le ghetto se retrouva acheminée par des contrebandiers, principalement de jeunes enfants. Dans de telles conditions, la mort par inanition fut inéluctable. Entre 1940 et la mi-1942, ce furent quelque 83.000 Juifs qui moururent de faim et de maladie, soit 20 % de la population totale du ghetto. En 1943, 98% des Juifs avaient disparu, assassinés. A Gaza, le nombre de victimes se chiffre à 270 personnes, soit 0,02% de la population totale (2.000.000 d’habitants) et ce, suite à une guerre déclenchée par le Hamas.
Ces statistiques devraient remettre certaines pendules à l’heure. Pourquoi pas auprès d’Ecolo et de sa vice-présidente qui n’a pas manqué de poster une chanson appelant aumeurtre non pas des sionistes mais des fils de Sion… au nom de Dieu (!). Assurément, un bel exemple de laïcité inclusive ! Notre passionaria molenbeekoise ne devrait-elle pas s’interroger sur les raisons qui poussèrent 99% des Juifs (racisés) du Maroc à prendre le chemin de l’exil et notamment vers Israël où ils constituent précisément une part significative de ces « fils de Sion » ? Pourquoi pas, auprès de la VRT et de Mme de Aguirre qui, en bonne Basque espagnole, n’a pas manqué de soupçonner Mme Wilmès de… marranisme ! A l’en croire, notre ministre des Affaires étrangères judaïserait ou plutôt « sioniserait » à l’insu des vrais Belges ! Et pourquoi pas aussi auprès de cette centaine de professeurs de l’UGent qui ne ratent jamais une occasion d’exposer leur haine d’Israël. Leur dernière pétition n’appelle-elle pas implicitement à sa destruction en le caractérisant d’Etat colonial et criminel depuis… 1948 ?
« L’assassin est toujours hanté par le fantôme de sa victime » écrivait, en 1917 Simon Doubnov, le plus grand historien juif de l’entre-deux-guerres qui fut, quant à lui, assassiné à Riga en 1941. Si concernant notre affaire, ce terrible propos est outré, je ne puis m’empêcher de penser que je n’ai pas vu passer la moindre pétition de ces mêmes universitaires à l’encontre de leur Parlement qui glorifia, il y a peu, MM. Borms et Declercq, deux figures majeures de la collaboration. Ils eurent pourtant une part de responsabilité dans la disparition de près de 65% des Juifs de Flandre. Retour du refoulé oblige, on en viendrait presque à comprendre l’impérieuse nécessité pour ceux-ci comme pour ceux-là, de vendre Israël comme un Etat criminel, sinon génocidaire. Les pertes des conflits israélo-gazaouis ne s’apparentent pourtant en rien à ceux d’autres conflits contemporains. On songe aux 500.000 victimes de Syrie, aux 250.000 du Yémen. On pourrait songer encore aux victimes des bombardements alliés de juin 1944, à ces 20.000 civils français tués par des frappes amies. Et pourtant, ces statistiques macabres n’empêcheront jamais les médias (y compris Le Monde) à mettre en exergue la « surmortalité » des enfants palestiniens. Belle résurgence de l’antisémythe médiéval du Juif tueur d’enfants que voilà.