Regards n°1089

Audace universelle

C’est ainsi que régulièrement, certains faits d’actualité m’interpellent et me font comprendre que la chutzpah -que certains ignares perçoivent comme un superpouvoir confinant à l’immortalité mais qui n’est ni plus ni moins que du culot, certes irritant, mais parfaitement anecdotique- est bien l’apanage de l’Homme, et non des seuls Juifs. C’est juste que les autres communautés n’ont pas trouvé un aussi joli petit nom pour en parler avec tendresse, comme nous.

Prenez Mamhoud Abbas par exemple. On ne peut pas faire moins Juif que lui. Eh bien, en visite à Berlin en août dernier, il n’a rien trouvé de mieux à faire que de comparer le conflit israélo-palestinien à « 50 Holocaustes ». Quel frondeur ! Parler d’holocauste dans une pièce pleine de dirigeants allemands. En ALLEMAGNE ! Où accessoirement la banalisation de le la Shoah est passible de poursuites judiciaires. Si ce n’est pas avoir des beytzim de trois tonnes en plaqué or, ça !

Dans un autre genre, moins moustachu mais tout aussi faux-derche, Bella Hadid, jeune mannequin américaine et envoyée spéciale sur Twitter et Facebook en mission pour le conflit au proche orient, s’exprimant toujours de façon éclairée et nuancée -comme sa longue formation en géopolitique et les réseaux sociaux le lui permettent- s’est récemment déclarée très triste de n’avoir plus aucun ami Juif, après une série de déclarations pour le moins problématiques au sujet du « régime » d’Israël. Le Mossad soupçonne que sa peine résulte moins de la perte d’une partie de son cercle social que du fait qu’elle ne peut désormais plus utiliser l’argument « je ne suis pas antisémite, j’ai des amis juifs ! » pour justifier ses saillies imbéciles.

Enfin, la médaille d’or du toupet revient à la direction de la Maison d’Anne Frank, musée installé en mémoire de la jeune auteure du célèbre Journal dans la maison où elle vivait à Amsterdam. Lorsqu’un employé du musée voulut porter sa kippa au travail, ses employeurs lui dirent de la cacher sous une casquette de baseball. D’après un porte-parole, l’objectif du musée étant la neutralité, le fait de porter une kippa aurait pu entrer en conflit avec la position indépendante du musée. La direction de ce dernier finit par céder, non sans réfléchir à la question pendant quatre longs mois, délai apparemment nécessaire pour décider si c’était finalement une bonne idée de forcer un Juif à se cacher.

Et à en juger par la cascade d’effets boomerang négatifs du plan pour la mobilité Good Move actuellement à l’oeuvre dans la région bruxelloise, (qui mériterait franchement qu’on le renomme « plan pour l’immobilité »), il ne paraît pas exagéré de penser que cette tendance à l’effronterie teintée de surréalisme pourrait même parfois se révéler belge.

Écrit par : Noémi Garfinkel

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