By Jove ! Que dit, en effet, notre Roi des Juifs sinon que les présidents Johan Benizri (CCOJB) et Moshé Kantor (CJE) instrumentaliseraient de manière éhontée l’antisémitisme pour salir notre beau pays. Il prête même à ce dernier des statistiques d’incidents antisémites totalement fantaisistes. Je le cite (pour éviter un droit de réponse qui, par ailleurs, nous a été refusé par le Soir) : « (Kantor) a ses propres statistiques, lesquelles surgonflaient l’importance de l’antisémitisme en Belgique. Il y a des actes antisémites en Belgique, c’est évident (…), mais déclarer qu’il y a 15.000 cas d’antisémitisme en Belgique chaque année, alors que Unia tout comme antisémitisme.be – un organe qui dépend de la communauté juive – en relèvent une centaine, il y a plus qu’une marge ».
Oui, le CJE rapporte dans un rapport annuel le nombre d’incidents antisémites dans notre continent. Non, il n’a jamais été question de 15.000 cas pour la Belgique, mais bien de 115 pour l’année 2020. Je le sais d’autant mieux que je suis l’auteur du rapport sur la Belgique pour le compte du Centre pour l’Etude du Judaïsme Européen contemporain de l’Université de Tel-Aviv qui porte son… nom (Kantor) ! Comment expliquer dès lors sa charge, totalement pipée, contre M. Kantor qu’il fustige, par ailleurs, bien moins pour ses liens avec Poutine que pour ses « injustes » attaques contre la Belgique. Dans le même élan, comment comprendre, ensuite, ses tirs de missiles à l’encontre de M. Johan Benizri qu’il a tenté le mois dernier d’écarter, de manière fort peu courtoise, des auditions autour de la question de l’abattage rituel organisées par le Parlement Régional bruxellois. Je le cite à nouveau dans un même souci de neutralité axiologique : « Cela étant, vous devez savoir que Monsieur Benizri, actuel Président du CCOJB, est un grand défenseur de l’ancien Président du Congrès Juif Européen, l’oligarque russe Moshe Kantor, dont il a été l’un des Vice-Présidents. Monsieur Kantor s’était permis de manière scandaleuse de traiter la Belgique de second pays le plus antisémite d’Europe en 2014, le lendemain de l’attentat au Musée Juif, lors d’une réunion, chez notre Premier ministre de l’époque, Elio Di Rupo ».
Quelle mouche a donc piqué notre Président du Consistoire ? D’aucuns lui prêtent depuis son adolescence l’obsession de l’anoblissement ; d’où une défense ad nauseam, faut-il le reconnaître, de la Belgique joyeuse de Papa ; d’où encore ses diatribes répétées contre tous ceux qui s’ingénient à salir sa réputation. S’agirait-il d’une posture destinée à s’attirer les faveurs du Palais de Laeken ; d’aucuns l’assurent, lui collant fort méchamment le sobriquet tantôt de Marquis-wicz, tantôt de Marquis-vite ou encore de Philippe II. Personnellement, je ne le crois pas même si certaines de ses prises de position interrogent.
Ainsi, de cette carte blanche publiée voilà 12 ans, toujours dans le Soir, où notre homme, alors président du CCOJB entendait défendre l’honneur de… Mgr Danneels accusé de protéger des prêtres pédophiles. Était-ce vraiment le rôle de Président du CCOJB de couvrir l’Église catholique comme aujourd’hui de celui qui préside désormais le Consistoire d’attaquer de front M. Benizri accusé, ne riez pas, d’attitude « belliciste » envers les élites belges. Je ne sais pas si M. Markiewicz est l’un de ces Juifs de Cour que fustigea naguère le très regretté Professeur Maxime Steinberg, ce qui est certain, en revanche, c’est que cet homme concentre trop de présidences, trop de pouvoirs, trop de budgets discrétionnaires pour être tout à la fois efficace et surtout… serein. Rappelons que notre homme se trouve être à la fois président du Consistoire central israélite de Belgique et de la Communauté Israélite de Bruxelles, secrétaire général de la Fondation du Judaïsme belge et membre de dizaines de conseils d’administration. Or, le cumul n’est pas sans danger pour ceux qui en (ab)usent. L’accumulation de pouvoirs pousse souvent à la paranoïa, à la peur panique de tout « qui » pourrait, à tort ou à raison, constituer une menace.
Dans le cas qui nous intéresse, force est de constater que la véritable bête noire de M. Markiewicz est bien moins M. Kantor, qui est en quelque sorte son frère jumeau en termes de gouvernance, que l’actuel président
du CCOJB, Johan Benizri. Personnellement, je ne sais pas qui devrait diriger notre cher Consistoire central sauf à me dire que le prochain président pourrait être une… présidente, sinon revenir comme d’antan à un grand Professeur (je n’en suis pas !). L’heure à tout le moins est à la nécessité de revoir de fond en comble le leadership de la plupart de nos institutions de plus en plus prisonnières de postures mondaines. J’y reviendrais sous peu.
Pour couper court aux propos de M. Markiewicz, je proposerais aux lecteurs de Regards de lire l’article de Christophe Lamfalussy « Une enquête souligne la montée de l’antisémitisme en Belgique. L’Etat protège, mais le harcèlement augmente », publié le 13 décembre 2018 dans la La Libre. Je le cite « Près de 42% des Juifs de Belgique ont envisagé d’émigrer du pays au cours des cinq dernières années, selon un nouveau rapport sur l’antisémitisme de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE (FRA). La Belgique fait partie des pays où l’antisémitisme est le plus élevé, juste derrière la France et l’Allemagne ».
Comme toujours très cher Joel, la finesse de l’esprit se joint à la qualité de l’analyse.
Merci Alain… Si pas sans dans “Regards” où ? Si pas maintenant “quand? ” Si pas moi “qui” ? Hélas …
J’ai lu avec attention votre article
Il ne m’appartient pas de juger sur le fond ne connaissant que de nom chacune des personnes citées
Ce avec quoi je suis d’accord avec vous :
1) le cumul président du consistoire et secrétaire général de la fondation du judaïsme ne devrait pas être permis
2) il faut revoir le leadership de la plupart de nos institutions et essentiellement du CCOJB qui ne représente absolument pas la communauté juive mais est tout au plus une alliance d’associations dans lesquelles les représentants se choisissent entre eux sans élection aucune (on prend le mari, la femme et les enfants pour former un conseil d’administration). Je précise que ce qui précède n’est pas vrai pour le CCLJ au sein duquel de vraies élections ont lieu chaque année.
Ce avec quoi je ne suis pas d’accord avec vous :
Si Monsieur Markiewicz rêve d’être anobli, c’est me semble-t-il son droit le plus strict. A chacun ses fantasmes. En quoi cela dérange t-il l’auteur de l’article ? De la jalousie ? Je ne pense pas.
Enfin je souhaite que la sérénité revienne parmi nous tant ces sorties dans la presse sont inutiles et contre-productives.
Yona
Professeur,
Vous écrivez :
Monsieur Kantor s’était permis de manière scandaleuse de traiter la Belgique de second pays le plus antisémite d’Europe en 2014, le lendemain de l’attentat au Musée Juif, lors d’une réunion, chez notre Premier ministre de l’époque, Elio Di Rupo »
mais en bas d’article, vous reprenez de Christophe Lamfalussy les propos suivants :
La Belgique fait partie des pays où l’antisémitisme est le plus élevé, juste derrière la France et l’Allemagne ».
Monsieur Kantor n’a donc pas totalement faux, deuxième ou troisième il n’y a pas une grande différence me semble-t-il.
Rémy
Cher Rémy,
Ce n’est pas moi qui parle de la rencontre entre MM. Kantor et Di Ripo mais M. Philippe Markiewicz, d’où la citation de la LLB qui le contredit.
Bien à vous, Joël
Monsieur,
Le quotidien Les Echos de ce matin confirme le point de vue de Monsieur Kantor.
Pouvons nous attendre des excuses publiques de celles et ceux qui l’ont trainé dans la boue en commençant par Monsieur Markiewicz ?
Le Père Roland s’indigne que le professeur Joël Kotek critique ainsi la plus haute autorité religieuse israélite de Belgique.
Imaginez le scandale si un professeur de l’UCL devait ainsi critiquer le Cardinal De Kesel, chef de l’église catholique de Belgique.
Il y a des choses que l’on ne fait pas.
Je prie pour un retour rapide au calme
Père Roland, si tant est que vous existiez,
L’esprit critique est le propre du judaïsme; la scholastique du catholicisme. Qui plus est, la critique de l’emprise catholique sur les sociétés européenne a été la condition de la reprise en main des citoyens sur leurs vie et destin. Oui on peut critiquer l’Eglise comme la synagogue.
Bien à vous,
Joël
bien d’accord sur le fond. bah, la route est encore longue, mais surtout ce qui est fantastique, c’est de ne pas se décourager et de poursuivre, en avant.le travail encore une raison d’être .
il faut tout de même ne pas faire de telles comparaisons malheureuses. en effet, le cardinal De Kesel est le représentant de l’église catholique belge, et dans l’église, il existe une hiérarchie, ceci étant, ce n’est pas une critique mais un constat. le consistoire, représente la tendance religieuse de la communauté juive, et cela ne représente qu’une minime partie de cette communauté car, d’autres dans la communauté juive, ne le sont pas, ou peu religieux.Et franchement comparé Philippe Markiewicz à Josef De Kesel fait sourire…