L’espoir, cette tragédie

Noémi Garfinkel
Strabismes de Noémi Garfinkel
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Une connaissance, délégué pharmaceutique spécialisé dans le marché des neuroleptiques, vient de perdre son travail. C’est triste quand un soignant se retrouve au chômage en pleine période de pandémie (psychiatrique). Malgré quinze ans de bons et loyaux services, son licenciement a été prononcé pour faute grave : depuis six mois, le type volait des antidépresseurs, des anxiolytiques et autres calmants en quantités astronomiques, et les refilait sous le manteau à sa famille, à ses amis, aux amis de ses amis… jusqu’à finalement se retrouver dans la situation absurde de faire du bien à des gens qu’il n’aimait pas tant que ça. Et tout ça, gratos. Le gars a ouvert un cabinet de psychothérapie bénévole clandestin et un peu crapuleux, il faut bien le reconnaître. Mais que voulez-vous, les cabinets de psys ont des listes d’attente d’un an, il fallait bien agir !

Depuis six mois que le monde a révélé et réveillé son antisémitisme larvé, mordant et dormant, l’histoire nous montre à nouveau à quel point les Juifs sont les premiers, mais jamais les derniers, et donc certainement pas les seuls, à recevoir la haine des antisémites, qui cumulent les tares comme certains élus socialistes cumulaient jadis les mandats. Disons qu’on est en première ligne, parce que le fonds de commerce de l’antisémitisme est la haine des Juifs, mais qu’au regard du seuil de tolérance de nos contempteurs vis-à-vis de tout ce qui diffère d’eux, on a à nos côtés des gays, des apostats de l’islam, des mécréants, des sunnites (pour les chiites), des chiites (pour les sunnites), des Perses (pour les Arabes), des Arméniens et des Kurdes (pour les Turcs), et ainsi de suite. Et tandis que les Juifs se retrouvent surreprésentés dans les consultations psy, les islamistes et leurs soutiens crétins, eux, ont brisé leurs chaînes, éructant chaque jour leur fureur (écrivez-le comme vous voulez) dans les rues de l’asile de fous à ciel ouvert qu’est devenu ce monde. En attendant un revirement qui se fait davantage attendre que le messie, la solution de génie nous a été soufflée par le directeur d’UNIA le 20 avril dernier, à la fin du brillant colloque organisé par l’Institut Jonathas : « Et si, à l’heure où des Belges juifs ont peur de porter leur kippa et leur Magen David autour du cou dans la rue, on encourageait tous les Belges à sortir déguisés en Juifs ? » Partez devant Monsieur Charlier, on vous rejoint et on vous aidera à ramasser vos dents. Il songe peut-être à Christian X, roi du Danemark, dont la légende (non vérifiée) veut qu’il ait porté l’étoile jaune dans les rues de Copenhague occupée par les nazis. Merci, mais non merci, on va continuer à résister, à vivre, et à gober des benzodiazépines.

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L’antisémitisme est affaire de jalousie et de médiocrité !

En écrivant dans une de ses chroniques publiées dans Humo qu’il a envie d’enfoncer un couteau pointu dans la gorge de chaque Juif qu’il rencontre, l’auteur flamand Herman Brusselmans commet un texte violemment antisémite. Ses diatribes montrent à quel point l’antisionisme radical d’élites politiques, médiatiques et universitaires flamandes trouve sa source dans un complexe de culpabilité inavouable, liée à la collaboration et la persécution des Juifs sous l’occupation nazie.

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